Entre le continent européen et les herbes et épices, c’est une longue histoire d’amour. Déjà au Moyen Âge, nos ancêtres en étaient très friands. Et réservées aux bourses les mieux garnies. En effet elles parvenaient dans nos contrées en suivant les fameuses routes de la soie. Et elles furent le moteur de la découverte de l’Amérique. Quelques siècles plus tard, nous en sommes toujours aussi friands. En témoignent les 379 000 tonnes importées par l’Europe et par an. Tout en produisant déjà 100 000 tonnes de ces substances dans l’Union Européenne. Il faut dire que nos climats ne permettent pas de cultiver les espèces végétales permettant la production des épices. À l’exception notable du paprika et du piment séché. Et la demande ne cesse d’augmenter. Ce qui génère un certain nombre de risques.

Les épices, un marché aux circuits longs

À l’heure où les circuits courts sont de plus en plus plébiscités, les épices s’inscrivent dans une toute autre philosophie. Comme nous l’avons vu, en Europe, nous importons prés de 80% de ces produits. Ces importations qui proviennent d’Asie, bien sûr, mais également d’Afrique, d’Amérique latine ou des Caraïbes. Soit de lieux bénéficiant de climats bien plus propices que le nôtre à de telles cultures. Et cette chaîne d’approvisionnement est longue et comprend de nombreuses étapes. Entre cultures, stockages, transports, manutention, transformation, chaque étape présente un risque de manipulation. Et nous pouvons ajouter à ce constat une demande en constante augmentation. La recherche d’exotisme par les consommateurs en est une des causes. Cependant cette hausse de la demande n’est pas uniquement européenne mais mondiale. Et peut également faire craindre une hausse des manipulations.

Une vulnérabilité à la fraude attestée

Qu’est qu’une fraude ? En matière alimentaire, le règlement (UE)2017/625 la définit comme une action volontaire dans le but de tromper l’acheteur afin d’en tirer un avantage. Et les épices ont déjà été mentionnés à plusieurs reprises comme présentant un tel risque. À commencer par le parlement européen qui, dans une résolution du 14 janvier 2014 sur la crise alimentaire les présente comme vulnérables à la fraude. Les chercheurs de l’université de Wageningen (Pays-Bas) les place en tête des 9 produits les plus falsifiables. En 2016, une enquête de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes avait estimé que 50% des échantillons examinés étaient suspects. Trois ans plus tard, le même organisme, dans une autre enquête, constatait que 26,4 % des 138 échantillons examinés présentaient des irrégularités. Les épices présentent donc un risque de fraude non négligeable.

C’est en tout cas le constat fait par la Commission européenne dans un rapport ressent. Celui-ci constate les risques de fraudes concernant les épices. Il devient ainsi important d’avoir une surveillance de celles-ci.